parler du cycle menstruel et des règles à l’école : comment le thème est abordé ?
Visite du planning familial, moments gênants en SVT… vous avez peut-être le souvenir de la façon dont les règles vous ont été présentées au collège. Aujourd’hui, le traitement de cette thématique a évolué et il varie encore d’un·e prof à l’autre. Retour sur un sujet pas toujours facile à expliquer aux pré-ados.
Partout dans le monde, les règles et le cycle menstruel sont entourés de tabous tenaces. Bien souvent, ces tabous sont liés à un manque d’éducation et d’explications autour de cette thématique. Pour aider les personnes menstruées à mieux comprendre et assumer leur corps, l’une des solutions est donc d’instruire. En France, le cycle menstruel fait partie intégrante du programme au collège.
une thématique obligatoire en SVT
Quelles que soient leurs convictions et l’établissement où ils suivent leurs cours, les élèves étudient donc forcément les règles et le cycle. Ils sont abordés dans le cadre d’une matière : les sciences de la vie et de la terre (SVT). Mais selon le ou la professeur·e, le cycle menstruel est longuement étudié ou simplement abordé. C’est ce qu’explique Jérémy Destenave, professeur de SVT à l’académie de Bordeaux.
“Le fonctionnement de l’appareil reproducteur est au programme, donc également l’enseignement des règles. Mais libre au professeur de choisir d’y passer deux minutes ou deux heures.”
Cette liberté qui est laissée au professeur peut être plutôt bienvenue : même si les règles sont toujours abordées au cours du cycle 4, qui représente les classes de cinquième, quatrième et troisième, certaines classes seront plus ouvertes à ce sujet que d’autres. Cela permet donc d’adapter le discours, en y passant plus de temps si les élèves se montrent particulièrement intéressés. C’est souvent la stratégie que choisit Alexia Marcuccilli, professeure de SVT à l’académie de Lyon.
“On a une certaine liberté pédagogique, moi je m’adapte, ça se fait en fonction des élèves que j’ai en face de moi : j’ai un public qui varie énormément, certains élèves ne veulent pas du tout en entendre parler, d’autres vont poser des questions et n’auront pas peur de les poser.”
Jérémy Destenave parle de l’aspect technique de la thématique en expliquant par exemple le fonctionnement de l’endomètre, le rôle des hormones sexuelles… Mais il prend aussi le temps de parler des symptômes comme par exemple les douleurs, et en profite pour aborder la question de l’endométriose.
des heures consacrées entre autres à la sexualité
Mais les cours de SVT ne sont pas les seuls moments au collège où les jeunes peuvent entendre parler de cycle menstruel. En dehors de l’enseignement classique, les élèves doivent suivre des heures d’éducation à la vie affective et sexuelle et à la citoyenneté. Elles sont dispensées en sixième, cinquième, quatrième et troisième, et peuvent être là aussi l’occasion d’aborder cette thématique. Ces heures peuvent être assurées par différentes personnes : l’infirmièr·e scolaire, des professeur·e·s qui ont été formé·e·s pour cela, ou une association extérieure.
Jérémy Destenave a été formé pour assurer cet enseignement. Il reconnaît que la thématique n’est pas simple à aborder, mais qu’elle est importante. Il explique que lui-même, adolescent, s’est posé des questions à ce sujet et n’a pas forcément trouvé de réponse du côté des adultes. Lorsqu’il en parle en cours, il perçoit une certaine gêne chez ses élèves féminines. Mais aussi parfois, un vrai soulagement. Dans certains cas, le cycle menstruel peut être évoqué même avant le collège, comme le fait remarquer Alexia Marcuccilli :
“Ça fait partie du parcours éducatif de santé, qui se déroule de la maternelle au lycée. Donc j’ai des élèves, dès la sixième ils connaissaient déjà un peu cette thématique : l’infirmière scolaire leur avait expliqué à quoi servait un tampon par exemple. C’est important parce que maintenant, les filles ont leurs règles de plus en plus tôt.”
les interventions du planning familial
Betty Molin est conseillère conjugale et familiale, et travaille au planning familial 69 de Villeurbanne. Elle explique que beaucoup d’établissements font appel à leurs services, le plus souvent les collèges.
“L’objectif de ces séances avant c’était surtout la prévention des grossesses non désirées et des maladies et infections sexuellement transmissibles. Mais on considère qu’une seule séance en quatre ans, c’est vraiment trop peu. Donc l’objectif est que les jeunes repèrent qu’il y a des espaces d’écoute et de parole pour aborder tous les sujets relatifs à la vie affective et sexuelle. On n’est pas uniquement sur de la prévention santé, c’est plus large que ça.”
En sortant du cadre classique des cours, les intervenant·e·s peuvent aborder le sujet du cycle menstruel de façon plus libre. D’ailleurs, certaines séances se font parfois en groupes non-mixtes pour libérer la parole.
“C’est beaucoup plus difficile d’aborder ces questions-là quand on est en mixité. Alors que quand on est en groupe non-mixte, les questions fusent parce que les filles s’interrogent beaucoup à ce sujet.”
Tout au long du collège, les élèves auront donc différentes occasions d’aborder la thématique du cycle menstruel dans un cadre éducatif. Cela permet de parler des aspects techniques du phénomène, mais aussi de ses conséquences comme le syndrome prémenstruel, les douleurs, les écoulements… Pour Betty Molin néanmoins, ce n’est pas suffisant : il est également important de pouvoir en parler en famille, afin de bien faire comprendre aux enfants et aux ados que cette thématique n’est pas un tabou.