la gynécologie émotionnelle, ou comment se reconnecter avec son corps
Douleurs, absence de plaisir, gênes… certaines problématiques reviennent régulièrement dans nos vies, et les visites chez les gynécologues n’y changent parfois rien. Et si on tentait de se reconnecter avec son corps ? Rencontre avec Maud Renard, créatrice de Gynémotion, une méthode faisant appel à la gynécologie émotionnelle.
Maud Renard a eu de nombreuses casquettes : architecte, danseuse classique au Conservatoire, et même clown… Curieuse de tout, elle a découvert lors d’un voyage en Colombie la gynécologie émotionnelle, et a décidé de s’en inspirer pour créer sa méthode Gynémotion.
de Bruxelles à la Colombie
“En Colombie je voulais retirer mon stérilet, donc j’ai cherché un gynécologue et je me suis aperçue qu’on pouvait le faire soi-même… je crois que ça m’a ouvert une porte ! Là-bas, j’ai participé à beaucoup de cercles de femmes, et je voyais des femmes qui me parlaient du cycle de la lune, du rapport à la terre… et ça m’a intriguée.”
De retour en Europe, Maud crée Gynémotion et propose ainsi aux femmes une reconnexion avec leur corps (et même avec leur utérus), pour mieux comprendre d’où viennent les troubles auxquels elles font face au quotidien.
“J’ai des femmes par exemple qui sont aménorrhées et qui retrouvent leurs menstruations plus tard. Il y a des femmes qui viennent me voir pour des douleurs menstruelles… la ménopause aussi, j’ai beaucoup de femmes qui sont en pré-ménopause et qui ont du mal à s’y préparer, et ça c’est aussi des choses qu’on travaille.”
vers une plus grande écoute de soi
Ici, point question de s’allonger sur une table d’examen : une séance de gynécologie émotionnelle consiste surtout en une discussion, pour comprendre d’où viennent les troubles que rencontre le·la patient·e.
“L’idée c’est d’observer et de comprendre le déséquilibre ou le dysfonctionnement du cycle menstruel à travers le prisme des émotions, dans le sens large. Je ne parle pas juste d’une émotion qui passe comme une peur des araignées, mais de colères, de peurs ancrées. Quand il y a un déséquilibre récurrent, ce sont des émotions qui peuvent remonter à quelques mois, voire quelques années, ou même aux générations d’avant. Je discute avec la personne de ce qui a pu se passer dans sa vie, mais aussi dans celle de sa grand-mère…”
Ce sont entre autres les violences gynécologiques subies par certain·e·s qui ont donné à Maud l’idée de créer Gynémotion. Parmi les personnes qu’elle reçoit, on retrouve des personnes qui ont peur de retourner chez le ou la gynécologue, et qui sont rassuré·e·s par l’idée d’une consultation passant plutôt par la parole. Mais le but n’est surtout pas de se subtiliser à la médecine.
une pratique complémentaire
“Je ne suis pas du tout contre la gynécologie conventionnelle, on en a besoin pour faire des diagnostics, on peut passer des scanners, des prises de sang… mais la gynécologie conventionnelle parle beaucoup de faits physiques et a tendance à oublier le plan émotionnel, la globalité de l’humain.”
À chaque début de séance, elle commence par revenir sur l’anatomie, afin de mieux comprendre ce qui se passe dans le corps chaque mois, ce qui crée des douleurs. L’objectif est que la personne comprenne mieux son corps pour mieux décoder les signaux qu’il lui envoie. Maud veut aussi dédiaboliser les règles, un mot qu’elle préfère d’ailleurs éviter : elle parle plutôt de menstruations.
“ J’aime bien dire que l’utérus est une citerne remplie de nos émotions des cycles d’avant, et que les menstruations sont là pour nous vider émotionnellement, nettoyer notre utérus mais aussi nos émotions, donc c’est un phénomène qui est forcément bénéfique.”
Lors d’une séance, Maud a conseillé à une femme ayant de très fortes douleurs de consulter un médecin. Cette dernière a alors appris qu’elle avait l’endométriose : le principe de Gynémotion n’est pas de remplacer le ou la gynécologue, mais bien d’aider les femmes à mieux écouter leur corps, pour mieux le comprendre… et donc s’y sentir bien !