précarité menstruelle étudiante en France : d’un constat glaçant à une immense victoire

Marion Condominas
article publié le 15/03/2021

La Fédération des Associations Générales Etudiantes (FAGE), l’Association Nationale des Etudiant·e·s Sage-Femme (ANESF) et l’Association Fédérative des Etudiant·e·s de Poitiers (AFEP) ont mené collectivement une enquête en décembre dernier auprès de 6518 étudiant·e·s, les résultats ont été publiés le 8 février 2021. 

une enquête sur la précarité menstruelle des étudiant·e·s

les objectifs de l’enquête

La précarité menstruelle en France touche près d’1,7 million de personnes et parmi elles, un grand nombre d’étudiant·e·s. L’objectif de cette enquête publiée le 8 février dernier, est de rendre public des données inédites sur la précarité menstruelle étudiante vécue dans les campus universitaires, les Crous, les écoles et favoriser les dialogues pour trouver collectivement des solutions. 

un échantillon représentatif qui tient compte des minorités de genres

L’enquête sur la précarité menstruelle concerne les étudiant·e·s ayant ou ayant eu des menstruations. Rappelons que les femmes n’ont pas toutes leurs règles pour différentes raisons (maladies, prise de médicaments, malformations, etc) mais aussi que des personnes ne s’identifiant pas comme femmes (personnes non-binaire, hommes transgenres, ect.) peuvent en avoir.

Ici, 6518 étudiant·e·s vivant en France ont été interrogé·e·s dont une majorité de femmes ainsi que des personnes non-binaires (1,32%), des hommes transgenres (0,6%) et des personnes ne se prononçant pas sur leur genre (0,32%). 

ce que nous révèle l’enquête : des impacts physiques, mentaux et sociaux de la précarité menstruelle étudiante

un étudiant·e sur 3 en France touché·e par la précarité menstruelle

Avoir ses règles alourdit le budget étudiant déjà souvent maigre. D’après les résultats de l’enquête, la charge de ces achats revient dans 55% des cas à l’étudiant·e, pour une dépense mensuelle variant entre 5 et 10 euros. Et pour la moitié des participant·e·s, viennent s’ajouter des dépenses liées : antidouleurs, sous-vêtements, literie, pour une note grimpant alors jusqu’à plus de 20 euros par mois.

un·e étudiant·e menstrué·e sur dix fabrique ses protections

Aujourd’hui, celles et ceux qui n’ont pas les moyens suffisants pour se procurer des protections “bricolent” des solutions de fortune à partir de coton, papier toilette, bout de tissu, etc. En ayant recours à ces systèmes D et/ou en ne changeant pas assez souvent leur tampon ou leur serviette, ces étudiant·e·s s’exposent à de graves dangers pour leur corps : infections, cystites ou encore le syndrome du choc toxique (une infection rare mais grave).

13% ont déjà dû choisir entre des protections et un autre besoin de première nécessité 

Témoignages : « Que feriez-vous avec l’argent dépensé dans les protections si vous n’aviez pas à en acheter ? »
“Je m’acheterais un nouveau soutif au lieu de tourner sur deux”
“Je m’en servirais pour acheter des aliments de première nécessité auxquels je renonce fréquemment”
 “Je pourrais payer mon loyer ou la fac sans être angoissée à chaque fin de mois”, Certain·e·s renoncent également à des sorties. 

la difficulté d’accès à des protections périodiques engendre de l’absentéisme

La scolarité des personnes menstruées est elle aussi touchée. Un·e étudiant·e sur dix déclare avoir déjà dû manquer un cours ou son travail par peur d’une fuite. Le manque d’accès à ces protections, à des médicaments ou à un soutien médical pour traiter les douleurs des règles ou les syndromes prémenstruels invalident encore plus les personnes concernées. 

20 % des étudiant·e·s en France sous le seuil de pauvreté

La précarité menstruelle a des impacts physiques, mentaux et sociaux néfastes pour les étudiant·e·s les plus précaires. La FAGE et ses fédérations ont mis en place un indicateur du coût des rentrées étudiantes montrant que ce public est bien touché par la pauvreté. De fait, 20% des étudiant·e·s vivent sous le seuil de pauvreté en France et les chiffres obtenus par cette enquête viennent souligner à quel point un phénomène naturel comme les règles peut aggraver cette situation de pauvreté. 

une victoire tant attendue : des protections gratuites pour tou·te·s les étudiant·e·s dès septembre 2021 !

La rentrée prochaine s’annonce plus sereine ! Après une première expérimentation, le 23 février, lors d’une rencontre avec des étudiant·e·s à Poitiers, Frédérique Vidal, Ministre de l’enseignement supérieur a annoncé l’accès gratuit à des protections périodiques pour tou·te·s les étudiant·e·s à compter de septembre 2021 🙌

Environ 1500 distributeurs de protections périodiques gratuites seront installés dans les résidences universitaires des Crous et les services de santé universitaires d’ici la rentrée prochaine.

la FAGE et Dans Ma Culotte s’associent pour rendre effectif l’objectif du gouvernement

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Depuis 2019, chez Dans Ma Culotte nous participons à des distributions de protections menstruelles auprès d’étudiant·e·s. Nous avons déjà mené plus de 40 actions aux côtés de différents acteurs de l’enseignement supérieur. Et aujourd’hui, nous sommes très heureux·ses d’annoncer un partenariat national avec la FAGE (Fédération des Associations Générales Étudiantes), la première organisation représentative des étudiant·e·s en France. 

Ensemble, nous apporterons une solution à cet objectif annoncé par le gouvernement : permettre l’accès gratuit à des protections périodiques pour tou·te·s les étudiant·e·s d’ici septembre 2021. 

Notre objectif commun est de mettre à disposition de tou·te·s les étudiant·e·s des produits menstruels sains et responsables, mais aussi leur donner le choix d’utiliser le ou les types de protections qui leur conviennent.

Et pour cela, aux côtés de la FAGE, nous mènerons des actions visant à développer l’accès aux protections menstruelles dans les universités, sur les CROUS et les écoles :

  • distributions gratuites de protections périodiques dans les établissements,

  • vente de protections périodiques à prix réduit pour les étudiant·e·s,

  • interventions et ateliers sur le sujet du cycle menstruel,

  • formations sur l’utilisation des produits.

Marion Condominas
Article rédigé par : Marion Condominas
Rédactrice